Dernier grand seigneur féodal de la famille, il est le premier à faire de la Bâtie sa résidence principale en procédant à d’importants aménagements. Toutefois, il ne s’y s’installe qu’après une vie mouvementée. Il mène une prestigieuse carrière militaire entre France et Italie, essentiellement dans les rangs des adversaires des rois de France, notamment les sires de Beaujeu, les ducs de Bourgogne et les ducs de Bretagne. Décédé en 1508, il est inhumé dans le couvent des Cordeliers près de la Bâtie dont il fut le fondateur en 1487. De son second mariage avec Antoinette de Beauveau, il laisse un fils auteur également d’une prestigieuse carrière : Claude d’Urfé.
Homme de confiance et proche conseiller de François Ier puis d’Henri II, Claude d’Urfé eut une brillante carrière au service de la couronne de France. Il est l’auteur des aménagements Renaissance de la Bâtie entre les années 1540 et 1550. Orphelin de son père à l’âge de 7 ans, il est envoyé par sa mère à la cour de France pour son éducation. Grâce à la renommée et aux relations de son père, il est dans l’entourage de l’héritier du trône, le jeune François d’Angoulême.
Suivant le roi François Ier, il participe aux dernières campagnes d’Italie dans les années 1520. Revenu dans le Forez, il en est nommé bailli en 1535 et organise l’entrée solennelle de François Ier à Montbrison venu prendre possession du comté de Forez.
En 1546, à l’âge de 45 ans, Claude bénéficie de la confiance du roi pour représenter la couronne de France en tant qu’ambassadeur lors des deux premières phases du concile de Trente (1545-1549). Déplacé à Bologne en 1547, puis à nouveau interrompu en 1549, le concile permet à Claude, au-delà de servir la couronne de France, de commencer l’élaboration du programme décoratif de la Bâtie.
Après le nouvel ajournement du concile en 1549, Claude est envoyé à Rome en tant qu’ambassadeur auprès du Saint-Siège, en marge du conclave pour l’élection d’un nouveau pape suite au décès de Paul III. Il joue un rôle important dans la Ville Éternelle puisqu’il se lance dans la bataille diplomatique qui s’ouvre entre cardinaux et ambassadeurs de tout horizon pour faire élire un pape qui leur sera favorable.
Rappelé de Rome par Henri II en 1551, suite à la dégradation des relations diplomatiques avec le pape Jules II, Claude termine sa carrière auprès de la cour de France, en qualité de gouverneur des enfants royaux et plus particulièrement du dauphin, le futur François II, jusqu’à sa mort en 1558.
Fils de Jacques d’Urfé et de Renée de Savoie-Tende, Honoré d’Urfé est passé à la postérité grâce à son œuvre littéraire, l’Astrée. Né à Marseille, mais ayant passé sa jeunesse dans le Forez au domaine de la Bâtie, Honoré est initié aux premiers rudiments littéraires lors de son éducation au collège de Tournon. C’est à cette période qu’il rédige ses premiers poèmes, comme le Sireine, qu’il ne publiera qu’en 1604.
Fidèle à son rang, Honoré embrasse très rapidement la carrière des armes aux côtés de son frère Anne lors des guerres de Religion, du côté de la Ligue catholique. Parallèlement à ses activités militaires, il poursuit la rédaction de l’œuvre de sa vie, qui connut un grand succès de son vivant auprès des élites lettrées : l’Astrée. Œuvre inachevée de son vivant, l’Astrée est l’un des premiers grands romans de la littérature française. Roman pastoral pleinement ancré dans son époque, l’Astrée raconte, entre autres histoires diverses et variées, l’histoire d’amour tourmentée entre deux bergers menant une existence paisible dans un Forez fantasmé : Astrée et Céladon.
Passé au service des ducs de Savoie après la reprise en main du royaume par Henri IV, Honoré perd la vie au cours d’une campagne militaire savoyarde contre la République de Gênes à Villefranche-sur-Mer, près de Nice, en 1625.
Petit-fils de Louis-François Puy de Mussieu, acquéreur du château auprès de la famille de Simiane en 1778, Octave passe son enfance à la Bâtie. Militaire de formation, c’est également un peintre amateur, puisqu’il laisse plusieurs peintures représentant la Bâtie.
Il s’est également essayé à l’archéologie tout près de la Bâtie : depuis la fin du XVe siècle, au sud du domaine, se trouvait un couvent de Cordeliers qui avait été élevé par Pierre II d’Urfé. Plusieurs fois incendié et reconstruit, ce couvent se trouve à l’état de ruines lorsque les Puy de Mussieu rachètent le château en 1778. En 1832, Octave fait dresser des croquis des ruines du couvent. Paradoxalement, à la fin de la même année, il fait procéder à la démolition de toutes les ruines encore en élévation, puis à la réalisation de fouilles qu’il documente. Malgré les destructions, les écrits d’Octave permettent de mieux comprendre l’agencement de ce couvent, aujourd’hui disparu.
Elle aussi très endettée, la famille de Puy de Mussieu vend le château en 1836 à une famille de la noblesse roannaise, la famille de Nompère de Champagny, ducs de Cadore depuis le Premier Empire.
Né dans une famille de rubaniers stéphanois, Félix Thiollier devient lui-même rubanier en créant sa propre affaire. Archéologue et historien amateur, il vend son affaire de rubanerie pour se consacrer à la photographie à l’âge de 36 ans.
Dans le sillage de la mission héliographique de 1851, visant à documenter le patrimoine historique, il se lance dans la photographie de la vie industrielle, du patrimoine historique et des paysages du Forez. Il photographie le château à de nombreuses reprises, entre 1858 et 1886. Il immortalise également certaines des œuvres vendues par M. Verdolin dans les années 1870 directement chez les collectionneurs et les antiquaires acquéreurs, comme Emile Peyre ou Alfred Beurdeley. Ses clichés permettent de documenter l’évolution de l’état du château dans la deuxième moitié du XIXe siècle, notamment les modifications réalisées par M. Verdolin.
Ces photographies paraissent dans deux ouvrages : Le Forez pittoresque et monumental (1889) et Le château de la Bastie d’Urfé et ses seigneurs (1886) par le comte Georges Richard de Soultrait et lui-même. Membre actif de la Diana, il œuvre pour la sauvegarde et le rachat de la Bâtie, qui intervient en 1909. Son décès en 1914 ne lui permet pas de voir le début des travaux de restauration, mais son œuvre a grandement contribué à la connaissance du site.