Publié le 15 octobre 2024
La grotte artificielle s’ouvre sur la chapelle imaginée par Claude d’Urfé et construite entre 1548 et 1558. C’est un véritable condensé des arts de la Renaissance : peinture, marqueterie, ébénisterie, faïence émaillée, verrerie, stuc réalisés par des artistes français et italiens. Encore une fois, Claude d’Urfé traduit dans les arts sa vision du monde et notamment une certaine forme de spiritualité teintée d’humanisme.
La chapelle est voûtée de caissons en stuc, très proches par leurs formes et leur registre de la Sala Regia du palais apostolique du Vatican, mais aussi des plafonds de la Salle des Audiences et de la Salle des Lys au Palazzo Vecchio de Florence. Chaque caisson octogonal porte les deux symboles chers à Claude d’Urfé : son emblème (ou chiffre) qui représente un agneau sacrifié sur un autel en flammes comportant l’inscription VNI, ainsi que son monogramme composé des initiales de son prénom et de celui de son épouse Jeanne de Balsac.
Les murs étaient ornés de panneaux de boiseries, sculptés et marquetés par le franciscain d’origine bergamasque Fra Damiano Zambelli (vers 1490-1549) et le véronais Francesco Orlandini (vers 1499 - ap. 1547), aujourd’hui conservées au Metropolitan Museum of Art de New-York (États-Unis). Les boiseries étaient surmontées d’un ensemble de peintures illustrant des scènes de l’Ancien Testament (côté chapelle) et de deux autres scènes (côté oratoire) : l’Annonciation et L’Esprit planant au-dessus des eaux. Ces peintures sont l’œuvre de l’artiste maniériste Girolamo Siciolante dit Il Sermoneta (1521-1575), actif à Rome entre 1540 et 1550. Les peintures sont elles-mêmes surmontées de citations en hébreu issues de plusieurs livres de l'Ancien Testament, comme le Livre des Psaumes et le Livre des Proverbes.
Le sol était recouvert d’un pavement de carreaux de faïence émaillée réalisé par l’atelier du faïencier rouennais Masséot Abaquesne (vers 1500-1564). Le pavement avait été conçu comme un miroir de la voûte avec une disposition peinte en caissons et comporte les symboles de Claude d’Urfé. La marche d’autel avait aussi été réalisée par Masséot Abaquesne dans un registre en grotesques. Elle est aujourd’hui conservée au musée du Louvre.
À l’issue de la vente des décors par M. Verdolin en 1874, seule la voûte stuquée à caissons est épargnée. Aujourd’hui, la chapelle d'Urfé n’a pu retrouver qu’une partie de ses décors grâce à l’acquisition de quelques pièces du pavement original réalisé par Masséot Abaquesne et au dépôt des peintures de Girolamo Siciolante et de l’autel de marbre.